Offrir du bien-être à ses clients est l’objectif de toute esthéticienne. Pour y parvenir, on n’a de cesse de multiplier les formations, de développer des protocoles destinés à mieux gérer le lâcher-prise, le stress, etc. Pourtant, parfois, on se sent démuni. Pour apprendre à mieux appréhender ces situations, la formation de socio-esthéticienne est un atout précieux.
Une autre approche
«Via cette formation, on apprend à des esthéticiennes confirmées* à adapter l’ensemble des pratiques traditionnelles (maquillage, soins de la peau, des pieds, épilation, massage, etc.) à des pathologies spécifiques et aux modifications engendrées par des traitements médicaux », explique Isabelle Heberard, directrice du Codes (Cours d’esthétique à option humanitaire et sociale), seule association habilitée à délivrer cette certification. En effet, un modelage du visage ne se pratique pas de la même manière sur un patient alité dans un lit d’hôpital que sur un client confortable- ment installé en institut. Les produits de maquillage ne sont pas toujours adaptés aux peaux fragilisées par un traitement. Les techniques de massage elles aussi sont différentes. «Celle du “nursing touch”, par exemple, est tout en effleurages», reprend Isabelle Heberard. « C’est un toucher particulier qui aide à dénouer les tensions neurologiques, à soulager la douleur, mais qui n’a rien de commun avec ceux prodigués par les kinésithérapeutes ou les infirmières pour lutter contre les escarres ». Car la socio-esthéticienne est là pour aider le patient à se réapproprier son corps, à retrouver l’estime de soi, à reprendre confiance en lui, à se procurer du bien-être.
Une formation pointue
Alors, pendant les neuf mois que durent la formation, pour être capables d’apporter des réponses adaptées aux différentes pathologies auxquelles ils se retrouveront confrontés, les élèves apprennent auprès de médecins et de spécialistes, tout ce qu’ils doivent savoir dans les domaines de la cancérologie, dermatologie, chirurgie plastique et réparatrice, gérontologie, gynécologie, hygiène, psychiatrie, rééducation. « En esthétique, on est habituée à apprendre sur le tas ; en socio-esthétique, on nous donne les clefs pour répondre aux problématiques », explique Marion Richard, 32 ans, esthéticienne diplômée. « Rien n’est laissé au hasard. On est dans le savoir. C’est un vrai plus ». Destiné à aider les personnes fragilisées, l’enseignement porte aussi sur la connaissance du secteur médico-social, l’addictologie et les problématiques des différents publics. « On apprend aussi aux stagiaires les spécificités du travail pluridisciplinaire, car, contrairement à l’esthéticienne qui exerce souvent seule, là, on est dans la prise en charge globale du patient », poursuit Isabelle Heberard. « La socio-esthéticienne est appelée à collaborer avec du personnel soignant, des kinésithérapeutes, des ergothérapeutes, des assistantes sociales ».
Un accomplissement de soi
Massage, modelage, maquillage, les domaines d’intervention sont multiples, mais, pour Marion Richard qui exerce depuis dix ans en centres spécialisés et en instituts de ville, la socio-esthétique prodigue plus que du bien-être et de la détente. « On est dans l’accompagnement, dans le conseil, les patientes nous posent les questions qu’elles n’osent pas poser au corps médical, sur la repousse des cheveux par exemple. On est dans la bienveillance. On aide les gens à retrouver de la dignité, à retrouver leur “estime de soi”. Aider une femme à accepter les conséquences d’une chimiothérapie sur son corps, lui donner les clefs pour mettre en place une routine de beauté pour l’aider à retrouver l’estime d’elle-même, c’est formidable et tellement enrichissant ».
* Il faut avoir pratiqué au moins un an en institut.